Duraille le débat sur le Développement Durable..

Publié le par La rédaction du forum

Curieux et intéressé, je suis allé sans aucun a-priori à la conférence-débat organisée par AREVA et la mairie de Pierrelatte le jeudi 03 avril dans le cadre de la semaine du Développement Durable qui posait la question: Quel avenir pour notre planète ?

Intéressantes, les conférences l'ont été pour diverses raisons... mais il n'y a eu point de débat !!!

Adolphe Nicolas (géologue) et Bernard Seguin (agronome) ont présenté des éléments factuels sur le réchauffement climatique, les causes, les mécanismes en oeuvre et les conséquences que l'on peut envisager et surtout craindre. Cela était très instructif. 

Nous ne doutons pas que les exemples d'urbanisme délirant de Phoenix aux  USA ou même à Mauguio (hérault) auront été transmis au maire de Pierrelatte.... Peut-être, celui-ci pourra-t-il offrir à A.Nicolas, une vue aérienne de Pierrelatte pour l'intégrer dans sa présentation ? Car en ce qui concerne l'étalement urbain, le gaspillage du foncier et la priorité faite au tout-voiture, à Pierrelatte nous ne sommes pas mal non plus !!!

Aude le Dars, responsable de la communication scientifique d'AREVA, était  visiblement en service commandé. Elle nous a servi un solide discours militant qui manquait de nuances. Un esprit malicieux a qualifié son intervention d'ode au nucléaire... En tout cas, le manque d'esprit critique n'est pas la marque d'une démarche tout à fait scientifique.... mais dans ce cas, celle d'un propagandisme pro-nucléaire sans aucune mise en cause du productivisme et de l'hyperconsumérisme.

Quelques vérités qui dérangent auraient pu être rappelées. A cet égard, on peut regretter que les micros aient été vite éteints. Dans la salle des remarques acidulées commençaient à fuser. Cela a-t-il pu inquiéter les organisateurs de la soirée ???

Nous pensons que l'écologie est forcément et avant tout politique... elle n'est pas qu'une science *. Et parler d'écologie ne doit pas être simplement l'occasion d'étaler sa science et ses moyens de grand communicant. 

Il ne faudrait pas oublier que ce sont les personnes les plus vulnérables économiquement et biologiquement qui sont d'abord et principalement touchées par des crises ou des catastrophes (canicule de 1976, 1999, 2003, cyclone Katrina, Tsunamis, famines, etc..). Nous ne pourrons rien changer si nous n'acceptons pas de mettre en oeuvre 2 types de solidarités indispensables: la solidarité intergénérationnelle et la solidarité spatiale.


Cette soirée aurait donc mérité d'être prolongée par quelques échanges d'arguments sinon d'opinions. Après tout, la question qui est posée devrait être saisie par les citoyens. Face aux dérèglements climatiques en cours et aux catastrophes qui les accompagnent, les gens doivent être autorisés (et surtout s'autoriser..) à s'exprimer. Ils doivent s'organiser et ne pas se laisser ballader par les représentants des décideurs et souverains économiques. Ils doivent faire pression pour que les politiques publiques évoluent réellement.


Nous aurons l'occasion de revenir sur le fond des interventions et du débat*. Car au final, on peut résumer cette soirée par " climat :on parle (beaucoup), mais on ne fait rien (presque)."

Il faut agir. Il faut entendre des gens comme Jean Malaurie (ethnologue) qui a vécu chez  les inuits (les esquimaux), "ses frères", dans les années 50. Il constate aujourd'hui les dégâts irrémédiables que subissent les pays et peuples du grand Nord. Ces sociétés et cultures inuits respectueuses de notre "terre Mère" sont à contre courant de notre consumérisme délirant. Nous les méprisons alors qu'elles nous montrent la voie à suivre. J.Malaurie condamne une mondialisation sauvage, un développement désordonné, un développement dévastateur. Et, il nous prévient :

"La terre souffre. Notre terre Mère ne souffre que trop. Elle se vengera. Et déjà les signes sont annoncés".
                                                             Jean Malaurie - TERRE MERE - cnrs editions


Qu'attendons-nous... ? Penser global, agir local....

C.Pradelle

* Pour être plus nuancé, on peut distinguer l'écologie politique de l'écologie scientifique, qui sont deux approches complémentaires de l'écologie. Mais, nous pensons que le prima doit rester à l'écologie politique, car s'en remettre aux chantres du développement durable façon Grenelle de l'environnement, c'est simplement vouloir rendre l'écologie scientifique compatible avec la croissance. Or,  la dégradation de la biosphère découle de l'industrialisme, du productivisme et du système capitaliste aveugle que les communicants d'AREVA évitent soigneusement de mettre en cause.

Publié dans Ecologie politique

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